Impact sur la qualité de l’air du renouvellement d’appareils de chauffage au bois

Le programme DECOMBIO vient de s’achever après 5 ans de travaux dans la Vallée de l’Arve. Ce projet, financé par Primequal et l’ADEME, avait pour objectif d’évaluer l’impact d’une action pilote de réduction des émissions du chauffage au bois résidentiel à partir de mesures de terrain. Cette action, le Fonds Air Bois, est déjà actuellement mise en œuvre sur 17 autres territoires français dont Grenoble-Alpes-Métropole ou la vallée du Grésivaudan.

Les objectifs du projet étaient de :

  • mettre en place des moyens de suivi de la contribution de la combustion de la biomasse aux particules PM10 sur 3 sites représentatifs de la vallée durant 4 hivers (13-14 à 16-17) ;
  • déterminer si on pouvait observer des diminutions de leurs concentrations au cours des hivers ;
  • évaluer si ces tendances étaient proportionnelles aux diminutions d’émissions espérées par le remplacement des appareils de chauffage au bois non performants réalisés sur le territoire (1932 appareils remplacés sur cette période, correspondant à 17% des appareils non-performants estimés).

Des résultats majeurs sont acquis à la fin de ce programme :

  1. on confirme que la combustion de la biomasse est la source principale des PM10 en période hivernale (avec entre 60 et 75 % de la masse des PM10 en moyenne), et que la qualité de l’air hors de ces périodes est meilleure que sur bien des sites du territoire national ;
  2. on a pu mettre en avant une influence fondamentale de la météorologie (et en particulier des inversions de températures) sur les concentrations durant ces périodes hivernales, qui gouverne en grande partie les concentrations des PM10 ;
  3. la prise en compte de ces effets météorologiques grâce à une classification des journées d’observation novatrice permet de comparer les évolutions de concentrations entre les 4 hivers de mesures, pour des conditions similaires ;
  4. on note alors une décroissance des concentrations des PM10 issues de la combustion de la biomasse, entre 2 et 10% en moyenne selon les classes météorologiques sur le site de Passy et entre 9 et 19% par hiver selon les 3 sites de mesures pour la classe météorologique « Dispersion » correspondant à une situation de pollution de fond ;
  5. ces décroissances sont similaires mais plus fortes (en %) que celles estimées pour le renouvellement des dispositifs de chauffage individuels dans les zone d’influence des mesures.

Le rapport final complet du programme est disponible sur le lien suivant : https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/deconvolution-combustion-biomasse-particules-vallee-arve_2018.pdf
Une synthèse sera prochainement disponible sur le site www.primequal.fr.

L’objectif initial du Fonds Air Bois correspondant au renouvellement de 30% des appareils non-performants a été atteint en juillet 2018. L’évaluation de cette action se poursuit jusqu’à l’hiver 2018-2019 dans le cadre du projet DECOMBIO 2, soutenue par l’ADEME et portée à l’IGE. D’autres objectifs, concernant notamment une meilleure caractérisation du lien entre les situations d’inversions thermiques et les concentrations seront traités dans le cadre de ce projet.

Figure : Evolutions moyennes des concentrations de PM10wb au cours des 4 hivers (du 15 novembre au 15 mars de chaque hiver) pour les 4 classes de conditions météorologiques à Passy. La moyenne des concentrations de PM10wb pour chaque hiver est représentée par le carré tandis que l’aire grisée représente son incertitude à 95%. Les barres horizontales noires représentent respectivement le premier et troisième quartile des concentrations. Le résultat pour la classe « Inversion » est donné à titre indicatif, les conditions météorologiques étant statistiquement différentes entre les hivers pour cette classe.

Contacts scientifiques :
Jean-Luc JAFFREZO IGE/CNRS : jean-luc.jaffrezo univ-grenoble-alpes.fr
Julie ALLARD IGE : julie.allard univ-grenoble-alpes.fr