La déforestation en Amazonie menace le climat régional et la saison des pluies

L’Amazonie abrite la plus grande forêt tropicale sur Terre. Elle joue un rôle clé dans la régulation énergétique et dans le cycle de l’eau à l’échelle globale.

Au cours des quatre dernières décennies, la période sèche dans le sud de l’Amazonie s’est prolongée de près d’un mois, ce qui se traduit par un stress hydrique supplémentaire sur la forêt et les écosystèmes de la région.

Une étude récente conduite à l’IGE par l’équipe de recherche du projet AMANECER (Make our Planet Great Again initiative) montre que la déforestation en Amazonie génère des changements significatifs dans la circulation atmosphérique régionale, qui se traduisent par un retard dans l’apparition de la mousson sud-américaine, élément clé de la climat régional, associé au début de la saison des pluies. À son tour, le retard du début de la mousson sud-américaine génère des conditions favorables au stress hydrique, aux incendies et à la perte de forêts.

L’étude montre qu’en Amazonie, les processus associés au début des pluies sont très différents selon le type de couverture du sol : une convection peu profonde est générée sur les pâturages et les cultures au début de la saison des pluies, qui est supprimée par la subsidence de vents de échelle régionale. En revanche, sur les zones forestières, une convection profonde peut se développer et générer des pluies plus précoces.
Cette recherche analyse également les projections futures de la déforestation en Amazonie et son impact sur le climat. La déforestation en Amazonie projetée pour 2050 entraînera un retard dans le démarrage et le développement de la saison des pluies à travers de : (i) une diminution de la fréquence des types de temps associés au début des pluies, et (ii) un retard dans la l’apparition de flux d’humidité du nord et leur affaiblissement.

Les travaux s’inscrivent dans le cadre de la thèse de doctorat de Juan Pablo Sierra (UGA-IGE) et s’appuient sur des simulations numériques du climat régional basées sur le couplage des conditions de surface simulées par le modèle ORCHIDEE (ORganising Carbon and Hydrology In Dynamic Ecosystems) et les conditions atmosphériques simulés par le modèle WRF (Weather Research and Forecasting Model). Ces simulations ont été réalisées en collaboration avec des chercheurs de l’Institut Pierre et Simon La Place (IPSL-Paris) et des chercheurs d’Argentine, de Colombie et du Pérou.

L’Amazonie subit actuellement un processus accéléré de déforestation. En raison des changements climatiques et de la pression humaine sur la forêt, on estime aujourd’hui que 17 % de la forêt amazonienne a déjà été déboisés, et 17 % supplémentaire a été dégradés. Les résultats de cette étude alertent sur le rôle actif de la forêt amazonienne sur les mécanismes atmosphériques qui déterminent le climat de la région, notamment sur la date de début de la saison des pluies.

Référence :
Sierra, J.P., Espinoza, JC., Junquas, C. Wongchuig S., Polcher J., Moron V., Fita L., Arias PA., Schrapffer A., Pennel R. 2023. Impacts of land-surface heterogeneities and Amazonian deforestation on the wet season onset in southern Amazon. Clim Dyn. https://doi.org/10.1007/s00382-023-06835-2

Contact scientifique :
Jhan Carlo Espinoza, IGE