Avancées récentes dans le domaine de l’hydrologie des crues du passé

A l’invitation de l’hydrologue Bruno Merz (GFZ, Allemagne), Bruno Wilhelm et collaborateurs viennent de publier un article de synthèse sur les avancées récentes dans le domaine de la paleoflood hydrology.

Les évaluations des risques d’inondation présents et futurs sont souvent limitées par la rareté et la courte durée de séries instrumentales. Afin de davantage documenter l’occurrence et l’ampleur des crues passées, le domaine de la paleoflood hydrology (littéralement « hydrologie des crues passées ») a été développé dans la seconde moitié du 20ème siècle. Historiquement, il était principalement axé sur l’identification et la datation d’indices de crues dans les archives sédimentaires fluviales. Au cours des deux dernières décennies, des approches ont également été déployées pour documenter les crues passées enregistrées dans d’autres archives naturelles. Cet article de synthèse passe en revue les principaux progrès méthodologiques et technologiques dans l’étude des sédiments lacustres dans le but de présenter de nouvelles chroniques de crues, plus robustes et continues. Les progrès méthodologiques réalisés pour l’étude d’autres archives de crues telles que les cernes d’arbres et les spéléothèmes sont également abordés. Les récents développements dans ce domaine ont abouti à une communauté scientifique grandissante qui ouvre de nouveaux défis tels que l’analyse et la synthèse de grands ensembles de données interdisciplinaires pour répondre aux défis scientifiques pressants comme la compréhension des changements dans la fréquence et la magnitude des crues.

Figure 1. Exemple d’avancée technologique et méthodologique pour identifier des dépôts de crues dont l’épaisseur est d’ordre du millimètre dans des carottes sédimentaires lacustres. La figure de gauche représente le résultat d’une analyse par tomographie 3D, permettant de visualiser les dépôts de crues (en rouge) qui sont par nature plus denses que leur environnement sédimentaire (blanc-bleu) dans une séquence de Flyginnsjøen, Southern Norway. La correspondance entre ces dépôts de crues (datés par 210Pb) et les crues enregistrées par une station de jaugeage à Magnor (site proche) est également montrée (figure de droite).

Référence :
Bruno Wilhelm, Juan Antonio Ballesteros Canovas, Juan Pablo Corella Aznar, Lucas Kämpf, Tina Swierczynski, Markus Stoffel, Eivind Støren, Willem Toonen (2018) Recent advances in paleoflood hydrology : From new archives to data compilation and analysis. Water Security 3, 1-8.