SITE EXPERIMENTAL D’ETUDE DES AVALANCHES DU COL DU LAUTARET

Objectif scientifique

En montagne, les avalanches constituent un danger pour les populations et les infrastructures. Leur étude expérimentale sur le terrain reste une approche privilégiée par les organismes de recherche pour observer le phénomène à l’échelle naturelle et confronter les modèles à des événements réels. Le site expérimental utilisé par l’IGE est situé dans les Hautes-Alpes entre le col du Lautaret et le col du Galibier. Initialement consacré à la mise au point de dispositifs de déclenchement, le site a été utilisé ensuite pour étudier les forces d’impact des avalanches et la dynamique des avalanches.

Le site expérimental

Le site est implanté dans la face sud-est de la crête de la Montagne de Chaillol (A). Celle-ci est sillonnée par plusieurs couloirs rectilignes sujets à de nombreux écoulements naturels. Les pentes sont voisines de 45° dans la zone de départ, de 30° dans la zone d’écoulement et de 20° dans la zone d’arrêt. Les avalanches mettent en jeu des volumes de neige compris entre 500 et 2000 m3 sur des parcours allant de 300 à 800 m. Les différents types d’avalanches vont de l’avalanche humide à l’avalanche poudreuse avec une composante dense. Elles résultent le plus souvent de neige récente déposée sous la crête par le vent. La hauteur de cassure varie de 0,20 à 1,50 m, la hauteur du dépôt de 0,5 à 2 m. Des vitesses de plus de 100 km/h peuvent être atteintes à l’emplacement des structures de mesure implantées dans les couloirs.

(A) Situation des couloirs utilisés lors des tirs de déclenchement sur le site du Lautaret. © Irstea
(B) Dispositif permettant de mesurer le profil de vitesse et de pression couloir n°2 : à gauche les capteurs de vitesse, au centre les capteurs de pression classiques, à droite des capteurs de pression déportés du mât porteur. © Irstea
(C) Avalanche déclenchée le 27 février 2007 sur le site du Lautaret. Au centre de l’image, on peut distinguer l’abri de mesure. © Irstea

Les dispositifs de mesure

Le déclenchement des avalanches s’effectue artificiellement à l’aide d’un Gazex (exploseur commercial propane-oxygène industriel) ou bien manuellement par charge explosive glissée (tir électrique). Il faut une équipe d’environ 8 personnes pour une opération complète de déclenchement et il y a en moyenne 2 à 3 journées de tir par hiver.

L’étude de la dynamique de l’écoulement est réalisée au couloir n°2 où, depuis l’hiver 2008, est installé un dispositif visant à mesurer le profil vertical de vitesse et de pression dans l’écoulement (B). Les différents signaux de mesure sont acheminés, certains après amplification, vers l’abri hébergeant les opérateurs (C). Une centrale d’acquisition haute fréquence échantillonnant à plusieurs kHz enregistre les données sur un système informatique. Le jour du tir, le manteau neigeux est caractérisé par un profil stratigraphique. Afin d’accéder aux lois d’écoulement de la neige, des paramètres tels que le volume (surface et hauteur de la zone de départ), la vitesse de l’écoulement et la hauteur du dépôt dans la zone d’arrêt sont mesurés à distance avec des systèmes d’imagerie 3D (photogrammétrie, laserscan) et utilisés ensuite pour modéliser les avalanches observées.

Programmes récents ou en cours

Les dernières campagnes de mesure ont été organisées dans le cadre des projets européens de recherche INTERREG ALCOTRA DYNAVAL (soutenu également par l’ANR, le CG74 et le Ministère de l’Écologie) et INTERREG ALCOTRA MAP3 (soutenu également par l’ANR et le CG74).

Collaborations

  • INSA de Lyon (laboratoire GMS-GEOMAS)
  • SLF-Davos (Suisse)
  • Université de Nagoya (Japon)
  • Institut Polytechnique de Turin (Politecnico di Torino), Italie
  • Université de Turin (LNSA & NatRisk), Italie
  • Institut national d’Océanographie et de Géophysique (INOGS & INGV), Italie

Contacts

Emmanuel Thibert